François Saltiel l’a même annoncé dans Un monde connecté : la fin de Skype n’est plus proche, elle est officielle. Le 5 mai 2025, ce service créé en 2003 disparaîtra… et avec lui sa petite musique d’attente de connexion caractéristique. Retour sur l’histoire d’une création européenne tombée en obsolescence au fil des années.
Lancé en 2003 par Niklas Zennström (Suèdois) et Janus Friis (Danois) et développé en Estonie, Skype repose sur une architecture P2P innovante, issue des mêmes principes que Kazaa, leur précédent logiciel de partage de fichiers.
À une époque où les appels internationaux coûtent une fortune et où la VoIP (Voice over Internet Protocol) balbutie, Skype impose un modèle disruptif : un service de communication basé sur Internet, gratuit entre utilisateurs, et avec une offre payante pour appeler des lignes fixes et mobiles.
Sa technologie Global Index P2P, qui répartit la charge sur les machines des utilisateurs plutôt que sur des serveurs centralisés, permet une qualité audio inédite, surpassant les standards téléphoniques de l’époque.
Skype devient rapidement la référence absolue des communications en ligne. Son modèle hybride gratuit/payant séduit les particuliers et les entreprises, tandis que son interface minimaliste et sa simplicité d’utilisation contrastent avec la complexité des solutions concurrentes comme MSN Messenger ou ICQ.
En 2005, eBay rachète Skype pour 2,6 milliards de dollars, voyant en lui un levier pour fluidifier les transactions entre acheteurs et vendeurs. Mais l’intégration peine à se concrétiser… En 2009, eBay revend Skype à un consortium mené par Silver Lake.
En 2011, Microsoft acquiert Skype pour 8,5 milliards de dollars, misant sur son adoption massive et son potentiel en entreprise. L’idée est d’en faire le centre névralgique des communications Microsoft, remplaçant Windows Live Messenger et s’intégrant à Office 365.
Sous la houlette de Microsoft, Skype subit une transformation radicale :
Cette transition, nécessaire pour des raisons de scalabilité et de conformité aux réglementations, entraîne une perte de performance, des latences accrues et une expérience utilisateur détériorée.
Alors que les usages basculent vers le mobile, Skype peine à s’adapter. L’application, conçue à l’origine pour un environnement desktop, se révèle lourde, gourmande en ressources et peu optimisée pour le mobile. En parallèle, des alternatives plus légères et réactives émergent : WhatsApp, Viber, FaceTime, Facebook Messenger et surtout Zoom.
Là où Skype se focalise sur une expérience multisupport complexe et parfois bancale, ces nouvelles plateformes misent sur une approche mobile-first, des interfaces simplifiées et une intégration sociale forte, remportant progressivement et largement la part de préférence des utilisateurs.
Face à l’essor du travail collaboratif et de la communication unifiée, Microsoft réoriente ses priorités vers Teams, lancé en 2017. Conçu pour le travail d’équipe en entreprise, Teams intègre nativement la messagerie, la visioconférence, le partage de fichiers et la collaboration en temps réel avec la suite Office 365.
Cette montée en puissance se fait au détriment de Skype for Business, progressivement remplacé, puis définitivement abandonné en 2021. Quant à Skype grand public, il survit quelques années encore, mais Microsoft cesse progressivement de le mettre en avant.
En 2024, Skype n’a plus sa place dans le paysage technologique moderne. Plusieurs facteurs expliquent cette disparition :
Si Skype disparaît, son héritage reste indéniable. Il a démocratisé la VoIP et les appels vidéo, posant les bases de ce qui est aujourd’hui omniprésent. Son créneau est désormais occupé par une multitude d’alternatives plus performantes :
Skype, jadis pionnier, est devenu une relique du passé. Son destin illustre l’évolution rapide des technologies et la nécessité pour une entreprise de s’adapter en permanence aux usages. Ce n’est pas la VoIP qui disparaît, mais simplement un de ses précurseurs qui a raté le virage de la modernité… et s’est finalement fait écraser.
Skype pouvait aussi poser quelques problèmes de cybersécurité. En 2013, les révélations d’Edward Snowden avaient montré les faiblesses de Skype en toile de fond…
que Microsoft aurait facilité l’accès de la NSA aux messages échangés sur Skype via le programme PRISM.
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